L’INSUPPORTABLE SORT RÉSERVÉ AUX RÉFUGIÉS, par François Leclerc

Billet invité.

Depuis le début de l’année, 2.850 réfugiés ont payé de leur vie leurs tentatives d’accéder à l’Europe et 208.105 y sont parvenus. Le HCR, qui tient cette comptabilité, relève également que seulement 1.600 réfugiés ont été à ce jour relocalisés sur les 160.000 dont le nombre avait été décidé en septembre 2015.

Le traitement réservé aux réfugiés ayant atteint le sol européen est alarmant et indigne. Le HCR constate « une augmentation inquiétante des détentions des migrants en Europe », y compris dans les centres d’enregistrement italiens et grecs où même les enfants non accompagnés sont emprisonnés. Les îles grecques sont pour leur part « de vastes zones de confinement forcés ».

En Grèce, une opération de pré-enregistrement des réfugiés a finalement été lancée. Ceux-ci vont être répartis en trois catégories, les Irakiens et les Syriens qui ont vocation à être relocalisés dans les pays européens – qui représentent la majorité d’entre eux -, ceux qui comme les Afghans n’ont pas accès à ce programme mais pourront bénéficier de l’asile en Grèce, et ceux qui seront refoulés. Le service d’asile grec s’est donné un an pour mener à bien cette procédure et les demandeurs d’asile bénéficieront durant cette période de permis de séjour provisoires donnant accès à l’école et à l’hôpital.

Les 8.500 réfugiés ayant débarqué dans les îles grecques suite à l’accord de l’Union européenne avec la Turquie de mars dernier, qui sont presque tous demandeurs d’asile, voient leur cas examiné un par un, et non pas renvoyés en bloc en Turquie comme les autorités européennes le souhaitaient.

Le sort de ceux qui ont atteint l’Europe est pourtant enviable comparé à celui des réfugiés d’origine sub-saharienne parvenus en Libye, entassés dans des conditions innommables dans des camps et maltraités, qui cherchent à tout prix à traverser la Méditerranée. Ou à celui des dizaines de milliers de Syriens qui, pour fuir les combats acharnés, se sont massés à la frontière avec la Turquie sans pouvoir la franchir. Mais le sujet est tabou chez les dirigeants européens, afin de ne pas importuner les autorités turques qui disposent de moyens de rétorsion.

Un autre sujet également tabou, que l’Unicef vient de briser: 7.000 enfants non accompagnés ont traversé la Méditerranée pour atteindre l’Italie depuis le début de l’année. Sur les 235.000 réfugiés dénombrés en Libye, il y aurait des dizaines de milliers d’enfants non accompagnés et sans protection, prêts à prendre tous les risques pour trouver un refuge et s’exposant à des sévices qui sont constatés à leur arrivée.